18 février 2012
Etat émotionnel : sur des montagnes russes.
Aujourd'hui on est samedi et c'est un nouveau jour avec son lot de bonnes nouvelles, qui effacent peu à peu mes déconvenues de la veille.
A mon arrivée, je trouve Daylan sans sonde gastrique. L'infirmière du jour m'explique que la sonde était bouchée, qu'on l'a retirée pour la nettoyer et comme Daylan prend bien ses biberons, elle me propose de ne lui remettre la sonde que la nuit, pour qu'il puisse se reposer de ses efforts.
Je suis tellement heureuse! Cette sonde gêne beaucoup mes bébés, je suis ravie que Daylan puisse commencer à s'en passer.
Cerise sur le gâteau du 14 juillet, l'infirmière propose aussi de me prêter un transat pour que je puisse poser Daylan après son biberon et ainsi ne pas me retrouver "coincée" si Lorna a besoin de moi.
Et du côté de Lorna ça avance bien aussi, cette nuit elle a bu 17 ml de lait au biberon ce qui est un grand progrès.
Ce bond en avant me donne envie d'aller danser avec la Joie, qui ne s'en prive pas dans le dos de l'infirmière.
18 février toujours.
Après la journée passée en néonat, nous étions partis assez tôt pour aller dîner chez mes beaux-parents.
Le dîner a été un peu houleux, n'ayant toujours pas de réponse à leur grande question "Alooors quand est ce qu'on pourra voir les petits?", mais lorsque nous somme retournés à l'hôpital ensuite une grande, une immense nouvelle nous attendait :
La néonat a besoin de place, et apparemment ils ont décidé que Daylan était assez fort pour pouvoir sortir dans la semaine, entre mercredi et dimanche.
Dans la semaine!!! Mon dieu c'est tellement inattendu qu'on a du mal a y croire, mais on est tellement heureux!
Bon malgré tout le Doute qui n'est jamais très loin à l'hôpital Moisi, me souffle que quand même, n'est ce pas un peu trop tôt? Daylan ne prend pas encore super bien ses biberons avec moi, même si l'équipe m'assure en insistant bien, qu'avec eux, si.
Mais comme c'est le jour des grandes avancées, il y a également du nouveau pour Lorna.
Enfin elle n'est plus en couveuse, elle est passée dans un lit chauffant (parce qu'elle a encore du mal à réguler sa température).
C'est merveilleux de la voir dans un lit, et avec tout ça les Larmes qui se bousculent sous mes paupières sont pour une fois des Larmes de Bonheur et d'Amour. J'ai l'impression que des ailes ont poussé dans mon dos, vous pouvez aller vous faire voir ailleurs l'Angoisse et la Peur on avance, on avance!!!!
Ce soir on rentre chez nous le cœur rempli de ces excellentes nouvelles.
Dimanche 19 février 2012 :
Bon c'est pas tout ça mais avec l'arrivée de Daylan à la maison prévue pour cette semaine (je n'arrive pas à y croire!) il faut se donner un coup de pied au derrière et terminer la chambre des enfants, qui avait été mise entre parenthèses au vu des évènements.
Après une virée shopping pour acquérir ce qui nous manque, nous arrivons à la néonat aux alentours de 16h.
L'infirmière du jour est une infirmière que ne connaissons pas encore.
Elle nous propose de donner un bain aux enfants et nous informe dans la foulée que Daylan n'est plus branché au cardioscope qui mesure son activité cardiaque et sa respiration.
Notre bébé en Wi-Fi, c'est aussi inattendu que formidable!!
Un rire franc éclate derrière moi, c'est celui de Liberté qui déploie grand ses bras.
Monsieur Lambda s'occupera de baigner Lorna et puis ce sera mon tour pour Daylan.
Il a été convenu de le laver 30 minutes avant son repas, ce qui n'est pas une chose facile parce qu'il commence à avoir faim et qu'il se tortille dans tous les sens.
Du coup le déshabiller, lui nettoyer le derrière et le baigner prend du temps, et l'infirmière qui passe toutes les 3 minutes pour voir où j'en suis ajoute de la Pression au Stress déjà bien présent.
Mais enfin il est propre et rhabillé, l'infirmière arrive donc avec un biberon puisqu'il "n'a plus du tout besoin de la sonde gastrique".
Ah bon? Mais je croyais qu'on la lui remettait la nuit pour qu'il se repose?
L'infirmière ne répond pas et me fourre le biberon dans les mains.
Je m'installe donc avec lui et après seulement quelques gorgées, le voilà qui s'endort.
L'infirmière me dit de le stimuler en lui gratouillant un peu les pieds, la paume de sa main, mais rien à faire, il dort et le lait coule sur son bavoir sans qu'il n'en avale une goutte.
La voilà qui n'est pas contente, Daylan ne boit pas et au bout de 30 minutes on en est toujours au même point. Elle m'assène d'un ton sec "bon tant pis, on va le laisser dormir un peu, il faudra que je refasse un biberon, celui-là est gâché maintenant. Mais il FAUT qu'il mange, sinon il va sauter un repas et ne prendra pas de poids." .
J'ai envie de pleurer. Je lui demande s'il vraiment prêt à quitter l'hôpital parce que je vois bien chaque jour qu'au biberon de 17h il est crevé, et que je ne l'ai jamais vu boire un biberon en entier.
Elle me répond que si si si, avec l'équipe il prend très bien ses biberons, que sans doute mes bras de maman sont trop câlins et que c'est pour ça qu'avec moi il s'endort. Je dois me montrer moins câline avec lui!
Mes bras trop câlins? Ma foi, je le tiens juste comme je peux, comment suis-je sensée rendre mes bras moins câlins? Ca existe ça??
Après une sieste de 45 min enfin il se réveille, l'infirmière revient avec un nouveau biberon et Monsieur Lambda me propose d'essayer de le lui donner lui même.
Mais là non plus ça ne marche pas, Daylan ne boit pas et on voit bien qu'il est claqué.
Monsieur Lambda en rajoute une louche en demandant s'il est vraiment prêt à rentrer à la maison s'il boit ses biberons avec tout l'hôpital sauf nous.
L'infirmière l'a sans doute mal pris, parce qu'elle me regarde et me dit bien froidement : "ben oui mais bon, il faudrait aussi que vous soyiez là assez tôt pour donner plusieurs biberons sinon c'est sûr que vous n'apprendrez jamais".
ET BAM, prends toi ça dans la tronche! La Culpabilité vient me foutre une baffe, moi la Mauvaise Mère je ne suis pas assez présente pour mes bébés alors qu'ils en ont besoin, c'est bien fait pour moi!!
La gorge serrée je lui réponds que je ne choisis pas les moment où je peux venir, je suis quand même bien obligée d'aller faire toutes les visites médicales et examens sanguins quasi quotidiens que les suites de mon opération imposent et Monsieur Lambda ajoute mécontent que je suis quand même présente tous les jours d'environ 13h à 21h, souvent plus tard même!
L'infirmière se radoucit un peu et dit que oui, c'est vrai ça fait une grande plage horaire.
Ben oui mais jusqu'ici il n'y avait qu'un seul biberon pendant mon temps de présence, alors comment suis-je sensée faire moi?
L'infirmière ne répond pas.
Pendant ce temps Daylan a à peine bu 15 ml tant bien que mal, on voit bien que l'infirmière est vraiment énervée et elle nous dit "bon ben allez, il n'est pas en forme, il boira mieux au prochain repas", et elle s'en va.
On est désemparés avec Monsieur Lambda.
Quand on quitte l'hôpital vers 22h30 Daylan est toujours profondément endormi.
Et nous on a vraiment la sensation que l'équipe soignante à décidé qu'il était prêt à rentrer à la maison juste pour libérer sa place en néonat, qu'on le force avec ses biberons sans lui donner de répit juste pour pouvoir nous dire "bon ben voilà il est ok sur les biberons, il peut dégager maintenant!", alors que cela le fatigue encore beaucoup.
Parce que mine de rien, quand j'ai donné un biberon à Lorna vers 20h, elle a tout descendu d'un trait en 10 minutes. Mes bras ne sont donc pas en cause, comme le prétend notre charmante infirmière...
On trouve que tout ça, leur façon de me culpabiliser, de me remettre la faute, de pousser Daylan à ce point vers la sortie, c'est super violent.
Lundi 20 février :
Voilà pourquoi ce matin, après que le Doute m'aie torturée toute la nuit, j'appelle la néonat pour prendre des nouvelles de mes bébés et faire un point sur la sortie prochaine de Daylan.
Je tombe sur une infirmière qui nous connait bien et qui est plutôt sympa.
Elle me dit que tout va bien, les bébés sont tous les deux au taquet sur leurs biberons.
Je lui explique que Monsieur Lambda et moi n'avons pas ce sentiment et lui raconte dans les grandes lignes comment s'est passée notre visite de la veille.
Tout de suite le ton change, et d'un coup on n'est plus du tout, du tout, au pays des Bisounours.
C'est très fermement qu'elle me répond que ce n'est pas sur un seul biberon qu'on peut juger si notre enfant est prêt à quitter l'hôpital ou non, qui plus est en tant que parents, que ça se mesure plutôt sur 48h (ben ouais en 48h l'équipe donne bien plus de biberons que moi!), et qu'hier il n'était sûrement pas en forme. Pour preuve, il boit très bien l'intégralité de ses biberons en 15 minutes à peine.
Elle ajoute que je dois être trop douce avec mon bébé et que c'est pour ça que c'est difficile. (En même temps, je sais pas vous, mais si mon bébé dort dans mes bras je ne me vois pas trop lui faire faire le Cirque du Soleil pour le réveiller et le forcer à manger hein).
Je raccroche en me disant qu'on verra bien cet après midi comment ça se passe, puisqu'aujourd'hui il n'y pas de bain prévu qui pourrait le fatiguer.
Le Doute s’assoit à côté de moi et me prend par le cou pour mieux persifler ses interrogations dans mon oreille.
Il est accompagné de la Culpabilité qui me répète en boucle que je suis une Mauvaise Mère trop douce et pas assez présente, pendant que le Temps n'en finit pas de s'écouler avant que je puisse rejoindre mes bébés.
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