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22 février 2012

Etat émotionnel : au ras des pâquerettes.

 

Arrivée à l'hôpital, l'équipe du jour me propose de garder mes biberons au frais et me demande comment s'est passé le retour avec Daylan.

Je relate dans les grandes lignes et explique que si les biberons ont été bien pris, celui de 11h a été plus difficile. L'aide soignante en charge de Lorna me dit qu'il mangera sûrement mieux à 15h.

 

Je retrouve ma petite puce, bien réveillée, et qui a une petite compagne dans sa chambre.

Le papa qui est là m'explique que la petite est née à 34 semaines, et qu'elle a un frère jumeau qui est en réanimation. Là il attend des nouvelles de sa femme, qui est en salle de réveil depuis quatre heures.

Tout ça n'est pas sans me rappeler quelques souvenirs et nous sympathisons pendant que je m'occupe de Lorna.

 

15h. C'est l'heure du biberon de Daylan et il tarde un peu à arriver. J'essaie de consoler mon fils qui pleure tout ce qu'il peut, et le biberon arrive 15 minutes plus tard. Confiante je me dis qu'il n'en mangera que mieux.

L'aide soignante qui m'apporte son biberon me dit que le lait était trop épais, qu'alors elle l'a dilué un peu et qu'elle s'est permise d'agrandir le trou de la tétine pour que Daylan puisse téter correctement.

Je trouve ça sympa d'avoir pris cette initiative et la remercie avec reconnaissance.

 

Je m'installe avec Daylan, mais même topo que ce matin, il s'épuise à boire péniblement seulement le tiers de son biberon en une heure.

L'aide soignante me dit qu'il faut que j'achète des tétines à vitesses.

Comme je ne le savais pas, j'avais acheté des tétines 1 trou et 2 trous, selon l'âge indiqué sur la boîte.

 

L'Affaire des tétines à vitesses

Tout l'après midi, cette aide soignante me répète en boucle que je dois acheter des tétines à vitesses.

Oui oui j'ai bien compris, mais là pour l'heure je suis bloquée à l'hôpital, et il n'y a pas une pharmacie alentours. Mais promis-juré-craché, j'irais ce soir en partant.

Je commence à me sentir jugée, encore une fois, et je n'aime pas beaucoup ça.

 

Le biberon de 19h arrive et là aussi on me dit que le lait est trop épais, qu'il faut le diluer.

Pourtant j'ai bien suivi les recommandations données par l'hôpital pour faire les biberons, je ne comprends pas.

L'aide soignante qui l'a apporté propose de préparer un biberon de la néonat. Daylan y est habitué, que ce soit en terme de texture ou de tétine. Et ajoute qu' "il faut bien qu'il mange ce pauvre petit!".

La Culpabilité ne se prive pas d'ajouter "puisque tu es trop Mauvaise Mère pour le nourrir correctement toi même!".

Allez, prends toi ça dans la tronche, c'est offert par la maison!

Je précise alors pour la 50 millième fois que le biberon de 11h était pourtant un biberon de l'hôpital, mais il faut croire que tout le monde s'en cogne avec une pelle à tarte.

L'Affaire des tétines à vitesses

Une infirmière arrive et me propose alors de changer de dosage :

pour 240 ml d'eau, 8 mesurettes de lait et 4 cuillères à café rases d'épaississant, puis de répartir la quantité en autant de biberons qu'il le faut pour avoir dans chacun 65 ml de lait préparé.

 

Je note tout ça sur un bout de papier que je trouve dans mon sac.

Je suis épuisée. Ma nuit a été mouvementée, je n'ai pas eu le temps de manger ce midi avant de partir et il n'y a pas de cafeteria dans cet hôpital, et je n'ai pas eu le temps non plus d'aller pisser.

Et la pression de l'aide soignante sur les tétines à vitesses alors que je ne peux pas les faire apparaître par magie ne m'a évidemment pas aidé à être au mieux de mon moral.

L'Affaire des tétines à vitesses

Plus tard, c'est l'équipe de nuit qui arrive.

Une infirmière qui est toujours adorable avec nous passe me voir et prend des nouvelles de mes bébés. Elle me demande comment ça se passe avec Daylan.

Je lui raconte donc pour les biberons de mon fils et elle me dit que oui, on lui en a parlé lors des transmissions.

Voilà qui m'étonne. Elle n'est pas en charge de Lorna ce soir et ne l'était pas hier soir non plus. Et mon fils n'est plus hospitalisé. Pourquoi est elle au courant?

 

Mais elle est très gentille avec moi, elle me dit que c'est normal de tâtonner et qu'elle ne se fait pas de soucis, on va trouver notre rythme.

Vous savez ce que c'est, quand je suis au bout du roulax, il suffit que quelqu'un soit un peu gentil et ça me donne envie de pleurer direct. Epuisée par ma nuit, cette journée et le stress de ne pas nourrir correctement mon fils, j'ai le menton qui se met à trembler.

L'infirmière voit ma tête et me dit "OOoOoh, ma pauvre, je vois bien comme ça vous secoue tout ça!". Il n'en faut pas plus pour que je me mette à ruisseler.

L'Affaire des tétines à vitesses

L'infirmière est touchée et elle me rassure : Franchement je ne pouvais pas savoir pour les tétines à vitesses, on aurait dû mieux me préparer à la sortie de Daylan, c'est pas facile pour une jeune maman tout ça.

Elle me propose alors de me donner quelques biberons de la néonat pour la nuit, comme ça s'il n'y a pas de tétines à vitesses quand j'irais à la pharmacie, je ne serais pas démunie.

De quelle bonté et bienveillance fait preuve cette infirmière! Ca me fait un bien qu'elle ne soupçonne pas, je pense.

J'accepte sa propositions en la rermerciant 1000 fois.

 

Elle va dans la pièce à côté, et je l'entends me "défendre" auprès de l'équipe médicale :

"Oui oui elle le sait, elle y va dès qu'elle s'en va... Mais non, c'est moi qui... Non non non... elle fait vraiment comme elle peut!".

Je n'entends pas tout, mais j'en entends assez pour comprendre que la lutte est serrée.

Ce que confirme l'infirmière en charge de Lorna cette nuit, en arrivant au pas de charge dans la chambre :

"VOILA! me dit elle d'un ton plus sec que le désert. Là on vous dépanne, mais il va VRAIMENT falloir que vous achetiez vos propres tétines, hein d'accord?? Votre fils n'est plus hospitalisé ici, vous le comprenez?".

 

Je suis sciée. Je me fais engueuler alors que je n'ai rien demandé, décidément c'est un art de vivre à l'hôpital Moisi, c'est loin d'être la première fois que ça m'arrive.

Monsieur Lambda qui est arrivé après son travail et qui a assisté à toute la scène, fulmine mais se retient dans l'intérêt de Lorna et du mien. Il sait que je suis amenée à fréquenter ce petit monde quotidiennement et ne veut pas faire de scandale.

L'Affaire des tétines à vitesses

On finit par s'en aller, et on file à la pharmacie chercher le Saint Graal, les tétines à vitesses. J'ajoute également une sucette pour donner les médicament, parce que les mettre dans les biberons que Daylan ne boit pas, c'est pas possible.

 

Je prépare un biberon selon la dernière méthode proposée et effectivement c'est bien plus efficace.

Daylan boit tout en 10 minutes, c'est tellement liquide que ça coule partout sur lui, et après avoir fini, il pleure tout ce qu'il peut. Je crois qu'il a encore faim.

Alors je complète avec un biberon donné par la néonat, et il en prend un peu.

 

Ce soir je suis complètement vidée.

Je ne sais pas comment trouver un équilibre pour épaissir son lait.

Et le pire? J'ai peur de retourner à la néonat demain.

 

L'Affaire des tétines à vitesses

Published by Mme Lambda

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